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La macarena VS Bernie Sanders

Je considère à 32 ans avoir assez entendu la chanson La macarena pour toute une vie. Il me semble y avoir un décalage passablement inquiétant entre l’intérêt de la pièce et son taux de diffusion outrancier. C’est pas le seul exemple : il en existe des tas de chansons comme ça, à la qualité artistique négligeable qu’on essore à grands coups de partys de bureau pasteurisés. Je ne souhaite pas faire de ce billet une agression dirigée vers tous ces disc-jokeys qui contribuent à pomper de grasses redevances vers des ayants-droits à la richesse déjà indécente. No-non. Ce que je souhaite plutôt, c’est montrer que l’occupation opulente de ce genre de vide bien symétrique dans notre espace culturel nous éteint sournoisement, entrave notre ouverture, alors que l’art pourrait justement nous permettre de nous rassembler, éveiller, témoigner de réalités. Toutes les réalités. Puis, c’pas comme si le Québec pouvait se permettre d’être au-dessus de ça en ce moment.

Ne me lisez pas sur le ton de la condescendance. J’essaie d’utiliser l’étiquette un peu suffisante de « matante » juste quand c’est vraiment mérité et estime que le divertissement léger tient un rôle essentiel dans un monde où l’anesthésie psychologique peut parfois se révéler comme un besoin fondamental. J’adhère à l’idée qu’un petit Meat Loaf bien placé dans un party, ça peut faire exploser le taux de dopamine général. Toutefois, je constate un réel déséquilibre entre l’espace encombré par toutes ces propositions inoffensives, sédatives, qui exhalent la nostalgie d’un passé surestimé, et celle d’une offre audacieuse, contemporaine, avec une réelle substance. Il me semble qu’il y en a beaucoup de temps d’antenne pour des vedettes qui se font deviner un mot collé dans le front. Sans doute autant que ces chaînes de restaurant qui goûtent toutes pareil. C’est rassurant de savoir que tu peux manger le même-même BLT à Beloeil et à Trois-Rivières, han?

Je ne suis pas trop du genre conspirationniste mais des fois, je me dis que ça doit bien arranger quelqu’un cette homogénéisation tranquille, ce conditionnement à ne jamais déranger, à manger sa salade de patates sur un petit YMCA. Ça doit bien servir quelqu’un qu’on s’étouffe la curiosité collective, l’ouverture à l’autre, à l’expérience; Qu’on se marie à l’église les doigts, au dos, croisés pour pas faire de peine à grand-mère; Qu’on parle pas de politique à table pour ne pas heurter la parenté (tout en ignorant les petites blagues tendrement misogynes et racistes qui y passent); Qu’on se garde d’utiliser cette épice venue d’ailleurs pour ne pas effrayer personne au potluk. À force de s’inhiber, à tout vouloir lisser pour fitter le milieu, à taire les dissidents, on l’exacerbe le fossé à pas se comprendre.

« La vision d’hommes blancs de 50 ans est largement sous-représentée » n’a jamais dit personne. Pas de leur faute à eux : C’est l’étouffant paradigme mercantile selon lequel il faut crinquer les cotes d’écoute, pacter les théâtres, décupler les produits dérivés qui fait qu’on s’adresse toujours au plus grand nombre, au Québécois le plus normatif possible. Tu te demandais comment le Caboose band avait fait pour sortir de l’Auberge? Voilà. Si on voulait réellement connaître le monde dans lequel on vit, c’est pas juste au mode de scrutin qu’on devrait appliquer le principe de la proportionnelle… Il me semble évident que la diversité sous toutes ses formes est déficitaire dans l’espace public par rapport à la place qu’elle occupe réellement dans notre monde. Malgré la récente mise en ondes de Barmaids, les minorités font du trou.

Je crois qu’on sous-estime la capacité des gens à voir, comprendre, entendre la différence, la nouveauté, la dissonance. Ils sont capables d’en prendre pas mal plus qu’on leur en donne. Il paraîtrait que ce qu’ils veulent, c’est de voir toujours les mêmes faces (idéalement blanches et bien hydratées), se faire servir toujours les mêmes jokes subtiles comme des extensions de cils cheap, entendre toujours les mêmes chansons de trois minutes et demi avec trois refrains, un bon bridge et une voix mixée ben en avant. Pourtant, étonnamment, ça fait quelques exemples électoraux frappants qui nous démontrent que le fameux « monde », ce qu’il veut, c’est pas juste du réconfort. Ça l’air que le changement, il est capable de le digérer, que les cassettes standardisées, il en est un peu tanné. Je pense même que Bernie, il aurait sans doute pu l’écraser Donald si le monde avait eu confiance dans le monde.

Et l’organisation de Quartiers d’hiver, elle, elle y fait confiance au monde. Elle y croit qu’on peut, à l’extérieur de Montréal de surcroît, être capables de curiosité et venir entendre ça des artistes « émergents » (i.e. qui passent pas à TV) sans auto-tune, sans robe en viande, sans décor incliné à 22.5 degrés. Faisons confiance au peuple. Respectons-le et cessons de l’humilier à le faire danser la macarena. On s’en portera tous mieux.

 

Raque Tique Tow Tow! — A Mixed Tape For When Your Stuck Behind the Snowplow on the Highway

It’s no secret that I’ve got a huge crush on Rouyn-Noranda. What do you do when you’re crushing hard on someone in the dead of winter? You make them a mixed tape, of course!

So here it is : a mixed tape of weird and wonderful winter themed songs that should keep you company on your long drive to Rouyn-Noranda this week.

Download Raque Tique Tow Tow! here, drop it into iTunes, learn some odds things below, and please, don’t pass the snowplow on the highway, ok?

RaqueTiqueTowTow

1. L’adorable femme des neiges – Christie Laume

Let’s get this started with some great garage-yéyé from France. The year is 1967 and Christie Laume is living the dream in Paris after her brother Théo Sarapo marries French musical legend Édith Piaf.  “Suddenly because of them, I was living a life of a celebrity without being one.” 

In this first track, Laume signs about being an adorable snow lady and warns us about the dangers of avalanches.

2. Popsicles and Icicles – The Murmaids

Fine, this song isn’t all about winter and snow, but it’s a damn good song, and now I want a banana Popsicle. This one hit wonder by the Murmaids reached #3 on the billboard charts on December 7th 1963.

3. Mister Iceberg – Serge Gainsbourg

Little known fact: in 1990, Gainsbourg visited Rouyn-Noranda where he learnt how to swear in Québecois. Mister Iceberg is your typical Gainsbourg from the mid ’70’s L’homme à la tête de chou period, although this track doesn’t seem to appear on any of his official releases.

4. Tant que la neige – Philippe B

From his debut self-titled solo album, here’s a wonderfully sombre winter themed folk balade from Rouyn-Noranda’s own Philippe B. I’ve been following Philippe since his little cousin showed me Gwenwed’s first album when I was in high school. Like it? Buy it here.

5. The Canadian Dream – Sam Roberts Band

“Everything moves real slow when it’s forty below.”

Yup. Fact. Let this nostalgia fuelled track from Montréal’s Sam Roberts zip that coat up for you.

6. Le fond de l’air est frais – Jacques Dutronc

« Moi, sous mes pantalons,
Je porte des caleçons longs.
C´est ceux de mon tonton
Qu´a du poil au menton. »

Roughly translates as:

« Under my pants,
I wear long-johns.
They are my uncles
Who has a hairy chin. »

Hmmm. I swear, it sounded better in French. This bubbly track by France’s 1960’s hit-maker Jacques Dutronc was co-written by the french comic book writer Fred. Don’t forget your long-johns, ok? You’ll thank me later.

7. Demain l’hiver – Robert Charlebois

This one just had to be here. Robert Charlebois is a little bit (ok, a lot bit) of a legend in the Québec music scene. He’s a real goof with quirky lyrics, a psychedelic attitude and a highly contagious nonchalance (that even brought him to record with Frank Zappa in 1977). On this track, Charlebois sticks his middle finger to winter and heads south. I will attempt a translation for your pleasure (but mostly mine).

« Je vous laisse les enfants qui ont la langue collée sur les tracks
Et qui pleure parce que le train s’en vient
Je vous laisse les enfants mangés par la souffleuse
À quatre heures dans un fort top secret »

Becomes:

« Screw those kids with their tongues stuck on railroad tracks crying like babies because the train’s heading straight for them!
Screw those kids eaten alive by the snowplow at 4 AM because their snow fort was a little too well hidden! »

8. Chilly in the Shack – Québec Redneck Bluegrass Project

What do you get when four guys from Chicoutimi meet in China and decide to form a trashy bluegrass band? You get a little something like this.

9. Moi, j’viens du Nord – Robert Paquette

Every region’s got it’s folk anthem. Abitibi has Raôul Duguay and La bitt à Tibi. Where I’m from, Northern Ontario, we have Robert Paquette and Moi, j’viens du Nord ‘stie. Strap those snowshoes on and raque tique tow tow!

10. Lit vert  – Plume Latraverse

Plume Latraverse is undoubtedly one of the most influential names in Québec counterculture. He hates winter.

 11. Chant sacré – Laurent Paquin

So I get up one morning, look outside and notice one of those torrid winter storms taking a giant dump on the city. Uh. I check Facebook and my lovely father had posted this video on my wall. Yes, it’s basically just one long 38 second swear. ‘Scusez-la!

12. Snowmobile Song – Stompin’ Tom Connors

An ode to motors, winter fun and ladies like only Stompin’ Tom could write! This song is particularly relevant now that we’ve learnt that the snowmobile might have been invented in Abitibi and a prototype from 1926 might have inspired Joseph-Armand Bombardier (I used a photo of the prototype as this compilations cover).

Also, if you haven’t heard Stompin’ Tom’s Movin’ on to Rouyn on the excellent compilation that the Vente de garage blog put out before the FME in 2013, do it, now.

And now for your French humour break:
Comment t’appelle une motoneige prostituée? Une skidoune.

13 + 14. Saint Skidoo + Le Doux Renard – Illustration (from the Après Ski soundtrack)

In 1971, a maple syrup porn called Après ski from Québec was released. It is still the only film in Québec to be banned by a tribunal. The soundtrack, recorded in Montreal in 1970, has always has an aura of mystery around it. Who was the phenomenal band that recorded the holy grail of Québec funk?

Fast-forward 40 years and the mystery has finally been solved by a guy from Rouyn. Félix B. Desfossé and his label, Pluton Records, revealed in 2010 that the genius that composed and performed these incredibly groovy tracks was John Ranger and his larger than life funk band Illustration. If you like this track, head over to Bandcamp to buy the whole soundtrack. (Semi-side note: you might see Félix DJing in the prospector’s tent this Friday and Saturday night.)

« Après Ski has some of the catchiest grooves we’ve heard from a sexy soundtrack of the era…» — Dustygroove.com

15. Our Retired Explorer – Weakerthans

In this classic Weakerthans track, we learn that a penguin taught French to John K Samson in Antarctica.

16. Snow Falls in November – Julie Doiron

Julie is probably my favourite Canadian singer-songwriter. Her songs are the biggest most comfortable sweaters in this hemisphere.

“We don’t go nowhere
Let the baby sleep
Let the dogs rest too”

17. En plein hiver – CANO

Like a snowball in the face, this bomb hurts a little but is oh-so refreshing. This epic folk-prog piece by CANO, franco-ontarian hippie super-group from Sudbury, delivers one of the most epic and bittersweet winter songs ever written.


Well there we have it! Download the Raque Tique Tow Tow mixed tape here and make sure to comment with all the winter songs that I ignored/tried really really hard to forget.

Drive safe and we’ll see you on Thursday!