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PLAIDOYER POUR L’ERRANCE CITOYENNE ACCEPTABLE

Un texte de Maude Labrecque-Denis

« Un droit que bien peu d’intellectuels se soucient de revendiquer, c’est le droit à l’errance, au vagabondage. Et pourtant, le vagabondage, c’est l’affranchissement, la vie le long des routes, c’est la liberté. »

Isabelle Eberhardt, exploratrice, journaliste et écrivaine, 1877-1904

Tes talons hauts te font de l’œil? Laisse-moi ça dans l’garde-robe pis enfile tes running les plus confo, parce qu’au FME, tu vas en marcher une shot. Sneakers, sac banane, bock en plastique et coton ouaté est le kit privilégié du festivalier qui part nonchalamment à l’abordage des mille recoins d’un beau petit patelin d’Abitibi pour y chiller abondamment le temps d’un weekend (#onesttubendansnoscotonsouates).

Sur la 7e, sur la Murdoch, à la Guinguette, au centre-ville… durant 4 jours, chaque parc, chaque trottoir, chaque ruelle et chaque terrasse accueille l’occasion de prendre un moment off, pas pour faire de quoi mais juste pour être là.

À bas la sacro-sainte productivité qui mène toutes les sphères de nos vies, jusqu’à nos loisirs!

Pas besoin d’avoir un but, une finalité ou un projet pour exister; on peut juste être là, aussi. Être là pis écouter. Être là pis profiter, s’ouvrir, ressentir. Avec nos amis, nos enfants, nos amours… avec des gens qu’on connaît depuis tout le temps, d’autres qu’on a rencontrés la veille, ou même tout seul (la bonne compagnie ne connaît pas le jugement).

Au FME, la musique, c’est une raison d’être ensemble, pis de célébrer une sorte de rejet partagé de la morosité. Du pur plaisir, où on veut et quand on veut, parce que l’espace urbain nous appartient, pis que le party ne connaît pas de frontière.

À la Guinguette chez Edmund
Au Parc Botanique à Fleur d’Eau
Sur la Murdoch même quand la salle est pleine
À l’Agora des Arts
Sur la 7e rue
Et encore sur la 7e rue
Et TOUJOURS sur la 7e rue!

Au FME, ma ville est FARNIENTE, MOUVANTE, ENVAHISSANTE.

Les ados, ils ont compris ça eux-autres. Ils se rassemblent tous les soirs au même endroit, en ayant semi le droit d’être là, sans aucune autre motivation que leur désir d’être ensemble. Y’en a qui finissent ben puckés, d’autres qui mettent à exécution des plans pas trop brillants… mais quand on y pense, c’est ce qui solidifie le tissu social d’une génération. C’est pas rien! 

Le FME, c’est un peu ça. C’est comme avoir 15 ans le temps d’un weekend, partager des moments d’extase et de folie passagère, pour être plus soudés demain (sauf le lundi matin, là on est normalement en convalescence ponctuelle pis on feel un peu moins l’esprit de communauté).

Pour moi, le FME, c’est l’occasion de prendre d’assaut ma ville, de me remplir les oreilles de sonorités de tous les styles et de vivre à fond la vibe du moment. L’énergie ambiante se transforme en pulsion. La fatigue, en recueillement. Cette « bulle passagère » devient une inspiration (dans tous les sens du terme), et elle génère en moi un satisfaisant sentiment de communauté, et de liberté. 

Si la ville est à nous, si la musique nous rassemble; si on a envie de rien de précis pis qu’on s’autorise à l’avoir; si on conçoit que tout est à tout le monde, pis qu’on prend plaisir à l’incarner; si on a envie de le vivre avec ceux qui sont là, alors je déclare ouvertement le FME « emblème de l’errance citoyenne acceptable ».

Errance : « Action d’errer, de se déplacer sans but. » (définition : Le Parisien)

GÈRE-TOI COMME TU VEUX, MAIS GÈRE-TOI

Dans l’équipe du FME, on est 7 filles avec des personnalités bin bin bin différentes. Ça fait que, dans des situations stressantes (AKA tout l’été parce qu’on prépare un pas pire gros festival) on a toutes nos façons de réagir, pis ça peut devenir olé olé. Ok, c’est pas si pire que ça, mais comme on dit, y’a des drôles d’oiseaux qui se créent sous l’effet de la tension.

Je vais décrire ici un peu ce qui se passe à l’interne du FME, mais je vais être smat, je nommerai pas de nom.

MAMOIZELLE #1 : LA CHAMPIONNE DU DÉNI

C’est toujours plus facile (et agréable) de ne pas vivre dans le stress et de se dire que tout va bien. Eh bin, c’est le mécanisme de défense de mamoizelle #1! « Y’en a pas de problème », « Y me reste full de temps », « Je vais le faire demain » : y’en a des phrases différentes que mamoizelle peux utiliser pour se dire que tout va encore bien! Et SURTOUT, pour essayer de se convaincre qu’elle est pas stressée… 

Mais après… elle finit par pleurer quand la bulle de déni *POP*… on est là pour l’épauler, no stress 😉

MAMOIZELLE #2 : LA FEMME INVISIBLE

Mamoizelle #2, elle, elle est plus rapide que Flash. Elle court partout, tout le temps, n’importe quand, à n’importe quelle heure de la journée (et même de la nuit). Travail oblige, elle se court en pas-pour-rire et quand t’as la chance de la croiser (maximum… 15 minutes), profites-en, normalement, elle est invisible!!!

MAMOIZELLE #3 : LE POISSON

Phrase favorite de mamoizelle #3 en période de stress : « Je suis au bout du rouleau ». Ça veut tout dire! Pourquoi j’utilise le titre de « poisson », c’est lié à son signe astrologique. Par définition, les poissons sont des êtres sensibles, qui aiment être impliqués dans une foule de projets. Qu’est-ce que ça fait quand t’es stressée? Tu vois pas le boute! Mais mamoizelle #3 est littéralement une championne et même si elle dit souvent qu’elle est au bout du rouleau, faut dire que son rouleau, il est pas mal infini parce qu’elle gère comme jamais!

MAMOIZELLE #4 : LA DIRECTRICE

C’est pas mêlant, pour mamoizelle #4, quand elle est stressée, c’est pas le temps de niaiser. Elle te « suggère » fortement des tites affaires (ok ça se passe pas mal à l’impératif tout ça…),  mais c’est JAMAIS pour mal faire, juste pour aller plus vite… Full speed constant pour la mamoizelle!

MAMOIZELLE #5 : LA CHARRETIÈRE

Une charretière, ou un charretier comme dans l’expression… ça dit des gros mots! Bin c’est le qualificatif de mamoizelle #5! Quand elle stresse, tout passe au cash, faudrait lui laver la langue avec du savon! Mais c’est pas plus mal, c’est comme ça qu’on l’aime!

MAMOIZELLE #6 : L’AUTRE CHARRETIÈRE

La deuxième charretière, c’est la même chose que l’autre… mais avec un coquet accent français! Avec mamoizelle #6, un point positif, c’est qu’on apprend des nouvelles expressions chaque jour, toutes plus extraordinaires les unes que les autres! Même si souvent ça se passe tout bas, quand on attrape une bribe de ses paroles, c’est toujours 100% divertissant! Merci mamoizelle #6, ton stress nous instruit!

MAMOIZELLE #7 : LA CHANTEUSE

Mamoizelle #7, c’est une échelle de stress bien définie : plus ça monte dans l’échelle, plus l’artiste émerge.

Niveau 1 : ça parle pas mal. Comme un genre de monologue, mais tu comprends rapidement que c’est surtout pour s’aider à se concentrer, écrire un tit texte ou lire un courriel!

Niveau 2 : on passe à l’ESPAGNOL! La puerta del sol comme on dit!

Niveau 3 : c’est ici que ça se gâte. Place à la chanteuse mesdames et messieurs! La c’est place à Céline, à Qualité Motel, ou même à la sonnerie de cell d’une autre des mamoizelles! N’importe quoi qui se chante et qui reste dans tête mettons!

Au final, on a toutes appris à travailler ensemble, à se connaître et surtout à s’apprécier au fil de l’été! Même si c’est beaucoup de travail, on est pas mouru les filles… on est pas mouru!