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Blind date dans un manga japonais

Par Maude Labrecque-Denis, membre de l’Escouade bohémienne spécial FME

Bien honnêtement, je n’avais aucune idée de ce que je m’en allais voir. Pas grave, j’aime les surprises.

Après 3 soirs à sillonner les rues de la ville, vagabondant de rencontres en découvertes, c’est la tête en ballon et les pieds en compote que j’ai foulé la descente du Petit Théâtre pour la première fois du week-end samedi soir à minuit. Au programme? Une date à l’aveugle avec le band montréalais TEKE::TEKE.

TEKE::TEKE… voulez-vous bien me dire d’où ça sort ce nom-là? La sonorité est festive, rythmée, et la ponctuation étrange laisse présager quelque chose d’étonnant. Secrètement, je me crée quelques attentes. (En faisant mes devoirs un peu plus tard, j’ai appris que le nom découlait d’une légende urbaine japonaise dans laquelle l’esprit vengeur d’une jeune femme coupée en deux par un train pourchasse les gens la nuit pour les couper en deux à leur tour. On repassera pour le côté festif…)

La salle est pleine. Le spectacle commence avec une jeune demoiselle droit sortie des années 60 qui éblouit l’assistance de ses paillettes étincelantes et du son envoûtant de sa flûte shinobue, instrument traditionnel japonais. Si je ne suis pas fan de la flûte en général (j’ai peut-être entendu trop gens la faire sonner comme un fond de tuyau), cette fois c’est clair, léger et virevoltant. Jumelée au son du trombone, instrument qu’on a peu souvent la chance d’apprécier en petit ensemble, l’effet est saisissant.

Vidéo du show!

Les rythmes sont endiablés. Je me sens comme dans un film de Tarantino. Des séquences vidéo de manga japonais déroulent en arrière-plan, confirmant la valeur narrative de la musique. Les instruments rock se mêlent aux instrument traditionnels japonais (shamisen, taisho koto) et à quelques autres objets surprenant, venus créer des onomatopées çà et là dans la mélodie. L’effet est captivant et surprenamment bien équilibré.

Puis s’avance la chanteuse. Discrète au début du spectacle, elle prend maintenant toute la place, arrivant même à éclipser la robe à paillettes (il faut le faire!). C’est une véritable diva de cabaret qui fait vibrer la foule de sa voix puissante… en japonais. On ne comprend rien, mais on comprend tout. C’est actif. Intense. Un peu morbide. Un peu sordide. (Du moins, c’est ce que j’imagine.)

Regarde ça!

Une cohérence inattendue émerge de cet ensemble à la base si éclectique. Le public frétille. L’énergie est à son paroxysme. Le moment est puissant.

Et moi… je veux une 2e date.

Nakhane et Hubert Lenoir : première expérience dans l’univers survolté de FME

Par Jade Bourgeois, membre de l’Escouade bohémienne spécial FME

Il faisait froid pour cette première journée (à vie, dans mon cas!) du FME, mais rien n’aurait pu calmer l’effervescence des préparatifs de dernière minute. C’est tout un village qui s’est bâti au beau milieu de Noranda, riche de ses salles de spectacles au cachet original et de ses petits bars de quartier. Artistes, bénévoles et festivaliers se côtoient et se mélangent, formant une grande famille artistique partageant un même but : profiter de toute la magie et de l’ambiance du FME au maximum. Tout, ou presque, se fait à pied : même la traditionnelle marche vers la poutine de fin de soirée (ou de début de journée…) du restaurant Chez Morasse.

Crédit: Marine Clement Colson

De mon côté, le poste de responsable de la salle de l’Agora des arts m’a amené à vivre le doublé incroyable de Nakhane et Hubert Lenoir. Dans une ambiance bouillante (la climatisation était brisée!), des centaines de personnes se sont collées les unes sur les autres pour vivre un moment mémorable.

L’artiste sud-africain Nakhane a lancé la soirée d’une bien belle façon avec sa voix douce, son charisme évident et ses arrangements électropop envoûtants. Une belle découverte pour la plupart d’entre nous qui avons très hâte de nous plonger dans son plus récent album You Will Not Die.

Crédit: Marine Clement Colson

C’est tout un univers à part qui s’est créé dès l’apparition d’Hubert Lenoir et de ses musiciens. Le jeune artiste a enflammé la scène — et la foule! — lors de chacune des pièces jouées. Cette bête de scène se l’est jouée insolent, allant jusqu’à distribuer des doigts d’honneur et à cracher de la bière, mais est resté généreux du début à la fin du spectacle. Les moments mémorables n’ont jamais cessé de se succéder dans une ambiance survoltée — et encore très bouillante. Hubert Lenoir a plongé dans la foule pour faire du bodysurfing, a invité tous les membres de son groupe à chanter individuellement et a surpris tout le monde en grimpant sur le balcon pour jeter des canettes de bière aux spectateurs du parterre! Tel un Jésus nouveau genre, il s’est juché au haut de ce qui fut autrefois une église. Une prestation enlevante qui restera certainement dans la mémoire de tous les festivaliers présents pour très longtemps!

Crédit: Marine Clement Colson

Cette première journée de festival m’a conquise. Tout le monde est adorable et fascinant. Des instants uniques se produisent à toute heure du jour ou de la nuit, pour ajouter à la grandeur d’un FME à échelle humaine.