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Les jeunes d’aujourd’hui…

Imagine habiter à Montebello pis pas aimer le métal. Vivre à Sainte-tite pis détester l’country. Sentir une vague de touristes envahir ta ville comme la vermine sur un cadavre de chat. Ben c’est ça. Moi, je m’appelle Marjolaine, 67 ans, j’habite à Rouyn pis à mon sens tout ce qui à pu « émerger » de la musique dans les 30 dernières années, ben c’est des coupes de cheveux bizarres.

Le début du mois de septembre, il y a des « X » dessus mon calendrier. Je remplis le char de gaz pour être certaine de ne pas avoir à m’arrêter. Ni à Val-d’Or, ni à Louvicourt. Je fais mes valises et je m’en vais chez ma soeur en Estrie.

Pas que j’ai pas essayé. C’est pas toute « négatif » tout ça. Mais quand la ville devient « FME », j’ai peur de sortir. Je reconnais plus mon coin. Je deviens cette femme creep qui reste dans son salon et qui regarde par les rideaux une fois à l’heure. Je kidnappe pas des enfants, j’ai pas d’perruche non plus. J’suis juste pu bien dans mes pantoufles.

En gros, je crois que c’est le monde. C’est la différence. L’indifférence. Quand j’me suis fait prendre dans un purgatoire de sauce brune, fromages en grains et patates chez Morasse. Je déguste ladite frite et soudainement une marée noire de monde arrive. Un groupe de musique s’installe. Deux filles pis un Chinoix. J’ai même pas eu l’temps d’quitter. C’est ben simple on pouvait pu sortir! Le monde était debout sur les tables. Il faisait chaud. Ma poutine aussi voulait sortir. Mon amie Jacqueline m’a fait du vent avec Le Journal de Montréal. J’ai fermé les yeux et j’ai pensé aux vagues du lac Memphrémagog.

« L’année prochaine j’y serai » que j’me suis dit.

Ironiquement, j’adore Rouyn-Noranda une journée ou deux avant le début du festival. Avant l’invasion. Les installations sont montées. Les lumières, c’est beau! Je marche pis j’me sens dans un autre univers. Une version améliorée et plus joyeuse de ma ville. Ça grouille. Quelque chose se passe. Je le sais que c’est con; c’est des lumières, des cordes à linge pis des têtes d’animaux, mais j’me sens un peu comme à Paris. La tour Eiffel c’est L’Agora des Arts.

J’voudrais que ce soit toujours comme ça.

Dans mon temps, la musique avait une plus grande portée sociale. Les droits de la femme. Les premières fois. On dirait que je vois moins ça dans la musique d’aujourd’hui : le combat. Je vois des femmes qui ont le look, l’apparence, même la voix, des fois! Mais, si j’enlève tous les artifices, les paillettes, les réseaux sociaux pis le maquillage, que je laisse une voix avec un piano dans le noir. Shut down. Déception.

Tout est bruyant, tout se force tellement pour être attirant, beau, divertissant. C’est le coeur qui a changé. Les jeunes d’aujourd’hui, la musique d’aujourd’hui, aujourd’hui !

Aretha Franklin, Patsy Clyne, Bille Holiday…Tellement prévisible comme intérêts, tellement des vieux « records », mais en même temps tellement inégalés.

Imagine vivre à Montréal pis être claustrophobe. Imagine aller voir une magnifique femme en robe rouge dans un night-club où tu t’fais sacrer dehors si tu parles trop fort. Imagine que je rentre dans ta chambre pendant qu’tu dors pis que j’commence à plier ton linge.

Invasion.

Prend soin de ma ville jeunesse, aide ta musique pis laisse les lumières, si tu veux.


*Ce texte est écrit en collaboration avec la plateforme Abitibi/Montréal

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Les shows secrets du FME :

Les shows secrets, ces concerts plus ou moins spontanés donnés par des artistes ou groupes dans des lieux insolites font désormais partie des incontournables du Festival de Musique Émergente. En plus de donner un accès privilégié aux artistes, ces concerts permettent la mise en valeur de lieux autrement relégués au second plan. Afin de prendre la juste mesure du phénomène, votre blogueur autoproclamé a décidé de revenir sur trois de ces concerts qui ont marqué les festivaliers (et les passants qui étaient là par hasard) lors d’éditions antérieures du festival.

Random Recipe / Morasse Poutine (à minuit) / FME 2009

Décrit par ceux qui y étaient comme un de ces rares moments où l’on sait se trouver au bon endroit au bon moment, la performance de Random Recipe donnée au Morasse Poutine aura réussi, comme la vidéo en témoigne, à mettre (ou remettre) le feu aux festivaliers revenus d’une soirée de concerts bien arrosée. On ne m’a pas parlé de la suite, mais je suppose que la virée ne s’est certainement pas arrêtée là.

 The Sadies / l’épicerie Windsor / FME 2010

Vous avez bien lu, The Sadies, la formation country-rock torontoise, a déjà foulé les «planches» de l’épicerie Windsor, un dépanneur situé sur la rue Carter dans Noranda. L’évènement n’avait attiré que quelques spectateurs (et quelques badauds venus là plus pour le dépanneur que pour la performance) mais a marqué l’imaginaire d’un FME qui n’en était qu’à sa septième édition.

Patrick Watson / coin Avenue de la Saint-Jean et 9ème rue (devant la fonderie) / FME 2012

La performance commence commence à 5:15 de la vidéo.

La rumeur d’un concert de Patrick Watson planait sur la ville alors qu’on l’avait vu, lui et sa légendaire dégaine, traîner dans les environs de Noranda. Il n’aura fallu que l’après-midi pour que cette dernière se confirme et qu’une foule assez considérable s’amasse coin avenue de la Saint-Jean et 9ème rue pour y trouver un Pat Watson espiègle, assis à son piano et buvant à même le goulot d’une bouteille de Jameson. La suite, un instant de grâce, nous l’a montré enchaîner les pièces les unes à la suite des autres alors que le soleil déclinait sur lui, la foule et cet espace industriel rendus pour l’occasion fantastique. Un très grand moment! 

Un ou des artistes / quelque part à Rouyn-Noranda / FME 2016

Il s’agit bien sûr d’une très courte liste puisque des moments comme ceux décrits ci-haut, il y en a eu tellement qu’on ne pourrait pas tous les nommer ici.  Dès jeudi prochain, ce sera à vous de trouver les vôtres en ne manquant pas autant les concerts de la programmation que ceux qui s’improviseront un peu partout dans la ville.  On ne sait jamais ce qui peut se cacher au détour d’une ruelle, d’une gare, d’une église ou d’une cour de garage : les concerts secrets peuvent surgir de partout !

Vous êtes maintenant prévenus.

Illustration : Martine Dupuis