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FME 2017- Quand j’aime une fois, j’aime pour toujours.

6h00- Quelques heures de sommeil. Le réveil sonne au Best Western. Un peu zombie je prends mes bagages et mécaniquement je me rends jusqu’à la voiture sans dire un mot, un petit café pâle de l’hôtel dans la main. Il pleut dehors. Je m’imagine que c’est Rouyn qui pleure notre départ (pour vrai, Rouyn s’en sacre ben raide, mais c’est poétique de s’imaginer ça.)

Mathieu conduit. On ramasse une amie à lui, et ma Cindy qui dormait au Mistral. Un silence feutré dans la voiture. Des yeux somnolents. Une ptite qui dort.

À l’entrée du parc de la Vérendrye, j’ouvre mon ordinateur pour écrire cet article, Desjardins en fond pour m’inspirer. Nous inspirer.

Je me refais des images de mon week-end FME. Le samedi fou. Le dimanche doux.

Je croyais au premier soir qu’Emilie Wells serait mon highlight wow wow pow pow du week-end. Après avoir passé un samedi avec Antoine Corriveau et sa poésie folk-rock, Betty Bonifassi et ses chaînes déchainées, un party électro… électrop, ou encore un dimanche avec Jean-Michel Blais qui fait chanter les cordes de son piano avec la force d’un Glenn Gould, invitant les spectateurs à vivre simplement le moment pour décoincer le classique, tout devient flou d’émotions. Je crois bien, cependant, avoir eu le coup de coeur ultime pour l’hommage à Desjardins qui a réussi à tirer les larmes des plus virils gars de bois du coin.

Après le spectacle hommage sur le Lac Kiwanis, nous revenons à l’hôtel. Quatre dans une valise de van, quatre à l’avant. Je prends la main de Justine. Marc-Antoine rigole. Ismael a ramené une fille, et n’a de yeux que pour elle. Fred, reconnaissant, nous remercie chacun notre tour pour son week-end, comme si nous lui avions ouvert les yeux du bonheur. Mathieu somnole. Je pense à Antoine qui conduit, et qui se lève dans trois heures pour prendre l’avion avec ses amis, réalisant que je n’ai moi-même que cinq heures de sommeil devant moi avant le grand retour. Un matin à me coucher à 6h. Un autre à me lever à la même heure. Un bel excès qui fait du bien. Un décalage horaire québécois.

À l’heure des au revoir, en sortant courbaturé de la van, je réalise la force des liens créés. Des inconnus trois jours plus tôt, qui se serrent dans leurs bras aujourd’hui. Parce que le festival, c’est avant tout cela. Rencontrer de gens qui ne sont là que pour repartir à zéro, l’espace d’une longue fin de semaine. Tout le monde retourne aux sources. Le cœur d’enfant est plus près des yeux. On le voit battre dans le regard de tous.

J’ai vu des hommes devenir vrais. Une foule se libérer de la lourdeur du quotidien pour se donner la chance de vivre ce qu’elle veut, inspirée par le rythme des instruments. Des aveux sincères. Des sentiments exacerbés. Des touchés volatiles. Beaucoup de tendresse. Je me suis dit que les gens ne se laissaient pas assez le droit d’être heureux. Le FME devient alors une sainte cure. Un chemin de Compostelle… mais ben païen mettons.

De retour à Montréal, je défais mes valises. Je mets le disque (oui oui, un cd) de Laura Sauvage, un peu mélancolique, mais heureux. Le quotidien est plus beau après l’évasion. Je retourne avec l’odeur de l’Abitibi sur le corps. Mon mardi ne sera que plus facile.

Je t’aime FME.

 

 

 

 

 

 

Je reviendrai à Rouyn-Noranda, dans un grand Boeing bleu de mer.

Bon. Je n’ai pas pris l’avion pantoute. C’était une tite Honda Civic, mais ça ne fait rien.

6h18- Emmitouflé dans mes couvertures avec mon copain, j’entends sonner 15 fois de suite à ma porte.

Dingdingdingdingdingdingdingdingdingdingdingding.

Mon bon vieux Mathieu qui se ramène à l’heure pile. J’avais prévenu mon chum que c’était la signature de L’Allier, mais pas les voisins qui ont dû croire à une ptite fin du monde. Je pogne mon sac, je pogne ma valise… les yeux bouffis de fatigue. Byebye chum, bonjour Abitibi. On passe chercher la belle Cindy Boyce et sa caméra, et on se dirige vers Rouyn, les trois petits copains de Montréal en route vers notre FME adoré.

Mathieu sort les smoothies, Cindy les trottoirs aux fraises (jamais trop tôt pour du bonheur). On se met un peu de Céline (un classique tsé), et on fly sur les ailes de la route. Un petit coup de frein de trop, et je me ramasse avec l’ensemble du contenu de mon smoothie aux fruits des champs sur le menton, pis sur mon petit chandail Zara orange brûlé. Mais HEILLE, c’est pas grave! On s’en va dans la terre de l’excès. Jpeux ben m’en sacrer trois-quatre sur la tête des smoothies dans un pot masson, je suis trop heureux pour chialer.

Après 7h de route et un ticket de 300$ pour excès de vitesse (slow clap), on arrive à Rouyn. Premier arrêt obligatoire, le party Bonsound, dans la tite maison avec la piscine. Duchess says chante dans son micro comme si sa vie était en jeu, pendant que l’on mange des hot-dogs. Parle parle, jase jase, on repogne notre char, en route pour l’hôtel. On retrouve Marie et Sara, qui a les yeux brillants d’un premier FME. Tout le monde se souvient de son premier. C’est comme Walt Disney World en mieux.

On se prend par la main. Je revois les beautés de l’Abitibi. Les Jenny, Sandy, JP. Mon Hugo Jolette préféré. La belle Karine que je n’ai pas vu depuis des siècles. Il y a tout Montréal aussi. Je rencontre les amis et les amis d’amis d’amis. Ben du pétard au pied carré.

On s’entasse à la scène Révolution pour voir Geoffroy, le briseur de cœur (non mais yé tu beau ctenfant là). J’attends avec impatience la toune TIN TOU TONTINTOUTINTOU (tsé la toune). Le show se termine. On sort dehors. Geoffroy un petit peu, donc je mets mon foulard (héhé la pognes-tu?!). Il fait pas plus que 10. J’oubliais que l’automne arrivait un mois plus tôt en Abitibi.

Dehors, on se retrouve un petit groupe avec la faim au ventre. On cherche une terrasse qui peut accueillir une dizaine de personnes. Pas facile comme défi. On marche sur la Main (je pense que c’est la Main, mais je ne le sais pas trop dans le fond). Un choix. Le Pizzé qui date de 1996. C’est bien écrit sur la pancarte. On s’installe, et on mange de la bouffe de FME (pizza, pâtes, burger et rien d’autre).

L’estomac satisfait, on se rend à l’Agora pour aller voir un des meilleurs shows que j’ai vu durant mes trois années de festival. Emily Wells. Une chanteuse, et son violon, qui semble venir d’un autre monde. Plus rien n’existe quand elle chante. Je suis seul avec elle. L’heure passe comme des minutes. Trop rapide. Le spectacle se termine et les gens se lèvent d’un bond, comme une pulsion incontrôlable. Clap clap clap clap clap clap clap. Personne ne veut quitter le moment. Je me dis que ce sera sûrement mon highlight du FME, même si ça ne fait pas 6 heures que je suis arrivé.

Dehors, les gens fument. Tous un peu sonnés, on a de la difficulté à exprimer ce qu’on vient de vivre. Il faut se bouger pour se réveiller. En route vers le petit party Audiogram dans la ruelle près de la 7e, on flotte encore. On me sert un gin tonic, plus gin que tonic. Je commence à être étourdi, mais je suis tellement bien. On jase sans rien dire.

On a la volonté d’aller voir Chocolat, mais le sommeil nous rattrape. On laisse les autres Marie et moi. On rentre main dans la main, en parlant de notre bonheur d’être bien en faisant des blagues de Huskies parce qu’on croise le logo de l’équipe de hockey. Des jokes déjà moins bonnes aujourd’hui, mais ô combien drôles au moment où on se les conte.

Demain sera un autre jour. Rebonjour mon FME.